HISTORIQUE DE LA RACE ANGLO-ARABE


HISTOIRE DE L’ANGLO-ARABE FRANÇAIS
L’histoire du stud-book Anglo-Arabe Français est aussi longue que complexe.
Notre objectif est d’en faire un résumé clair et concis afin d’en dégager les grandes lignes.
L’Anglo-Arabe, cheval de remonte :
De la création du stud-book dans la première moitié du 19ème siècle jusqu'à la seconde guerre mondiale, l’Anglo-Arabe était en grande partie un cheval destiné à l’armée. Certains sujets sélectionnés sur le modèle ou les courses (voire les deux) devenaient étalons nationaux, un certain nombre couraient sur les hippodromes, épisodiquement on retrouvait des Anglo-Arabes dans des épreuves de sport équestres qui n’en étaient qu’à leurs débuts… mais le gros de la production avait pour objectif la remonte de l’armée française.
Génétiquement parlant l’Anglo-Arabe Français a trois origines : le pur sang anglais, le cheval oriental et les demi-sang du sud ouest. 

Par cheval oriental il faut comprendre que l’Arabe n’est pas le seul à avoir contribué à la création de l’Anglo-Arabe Français, des chevaux Barbes ou d’autres origines du monde arabe, y ont également participé. Les chevaux orientaux utilisés (plus tard englobés sous l’appellation « Arabe ») étaient issus d’importations sélectives de reproducteurs des pays Arabes par des hommes de chevaux Français ayant des critères de cavaliers.
Les demi-sang du Sud Ouest étaient très différents des animaux massifs élevés au Nord de la Loire. Le Tarbais, le Navarin et le cheval du Limousin étaient en réalité issus de populations où le sang Arabe et Anglais était utilisé depuis la moitié du 18ème siècle. Sans doute plus rustiques et plus osseux que le Pur Sang Anglo-Arabe, ils en étaient néanmoins proches de par leur type, leur sang et leur généalogie.
Pour résumer disons que le stud-book Anglo-Arabe a ressemblé pendant très longtemps à  un mélange des trois origines détaillées ci-dessous (Oriental, Anglais, Demi Sang du Sud Ouest proche de l’Anglo-Arabe) avec un minimum de 25% de sang arabe requis. Plus tard dans les années 90 fut crée l’AC pour intégrer dans le stud-book des chevaux uniquement issus d’AA, AR, *AA* ou PS mais n’ayant pas 25% de sang arabe. Dans les années 2000 où fut crée l’AACR pour enregistrer des animaux plus ou moins proches de l’Anglo-Arabe.  2010 sonne le retour du Demi Sang Anglo-Arabe dont la caractéristique principale est d’avoir 25% de sang arabe (législation en vigueur jusqu'à la seconde guerre date à laquelle les Demi Sang Anglo-Arabes ont été intégrés dans le stud-book anglo-arabe.

 
L’Anglo-Arabe, cheval de course :
Créées entre deux guerres, les courses pour Anglo-Arabe n’ont cessé d’évoluer. Jusqu'à une date récente les courses étaient séparées en deux sections : celles pour chevaux à 25% de sang arabe et celles pour ceux à 50% de sang arabe. Les Haras Nationaux achetaient les meilleurs et les plus beaux chevaux de course de chaque  génération pour fournir des reproducteurs aux éleveurs d’Anglo-Arabe.
En 1950 la moyenne des partants par course était de 6. Depuis les choses ont bien changé, le nombre de partants et la qualité des partants à considérablement augmenté. Les éleveurs d’Anglo-Arabe de course se sont spécialisés dans cette voie et ont mis en place une politique de sélection rigoureuse si bien que génération après génération peu de souches ont été conservées. Seule une poignée de souches, celles ayant brillamment passé le test ultime que constitue le turf, constituent la base de l’Anglo-Arabe de course qui est régulièrement retrempé par du sang Anglais et plus rarement par de l’Arabe.
Les origines qualiteuses en sport (Garde Cœur, Dionysos II, Nithard, Palpitant, Farceur VIII, Nesus…) ont rapidement été éliminées par la dure loi des courses, le plus souvent par manque de vitesse.
Parmi les évolutions les plus marquantes citons la mise en place progressive d’un programme de course d’obstacles (qui reste cependant moins important et moins disputé que celui de plat) réservé aux Anglo-Arabes et le changement des limites de pourcentage d’arabe (de 50 à 37.5% et de 25 à 12.5%).

A l’image de la situation du monde des courses en comparaison avec celle des sports équestres, on notera la bonne santé (notamment économique) de l’Anglo-Arabe de course par rapport à l’Anglo-Arabe de sport.
L’Anglo-Arabe, cheval de sport :
L’histoire de l’Anglo-Arabe de sport commence par la pire crise que le stud-book ait jamais connu, une crise encore plus profonde que celle qu’il traverse actuellement.
Au sortir de la guerre, l’armée n’achetant plus de chevaux de troupe, l’Anglo-Arabe n’a quasiment plus de débouchés, les sports équestres n’en sont qu’à leurs débuts et ne concernent qu’un nombre restreint d’individus, les courses et les achats d’étalons n’impliquent qu’un faible pourcentage des naissances… En conséquence une grande partie des  éleveurs essaient  de se débarrasser de leurs chevaux : ils bradent, ils vendent au couteau, ils exportent… Les effectifs fondent.
Par le plus grand des hasards (les chevaux n’étaient pas conçus dans cette optique !), de nombreux Anglo-Arabes se distinguent au plus haut niveau au moment où la pratique des sports équestres décolle. La demande en étalons et chevaux de sport provoque une augmentation des effectifs soutenue par les résultats des Anglo-Arabes en sport. Cette période d’expansion va durer jusqu’à la fin dans les années 80, également soutenue par la professionnalisation des courses évoquée dans le paragraphe « L’Anglo-Arabe, cheval de course ».
Un modèle économique spécifique se met en place. Le berceau de race de l’Anglo-Arabe est une région peu dense en cavaliers, et d’ailleurs une bonne partie des meilleurs Anglo-Arabes se sont illustrés dans les mains d’étrangers ou de personnes « hors berceau ». La commercialisation et la valorisation de la production a donc pris une autre voie : une poignée de grands marchands achetaient par lot la plus grande partie de la production des régions d’élevage importantes. Les plus beaux poulains étant présentés aux achats d’étalons, les autres exportés ou reconvertis en chevaux de sport.
Au final l’intérêt était donc de produire des mâles étalonnables plutôt que des chevaux de sport. A l’époque le classement du concours étalon se faisait en fonction du modèle et des allures  en main. Le lucratif marché de l’étalonnage, qui permettait de vendre rapidement des poulains à bon prix du moment qu’ils avaient le modèle voulu par l’administration, a donc orienté la sélection de l’Anglo-Arabe au détriment du sport.
Ainsi de nombreux étalons sans aptitudes issus de ce système de sélection ou des courses ont dégradé génération après génération la qualité et l’aptitude des meilleures souches Anglos.
Dans un même temps la demande en Anglos venant de l’étranger a entrainé l’exportation dans toute l’Europe de certains des meilleurs performers et reproducteurs Anglo-Arabes (mâles et femelles).
En parallèle à ce phénomène, une grande partie des meilleurs étalons et juments Anglo-Arabes ont été consacrés à la production de selle-français. Dans un premier temps car ils étaient stationnés en dehors du berceau de race. L’élite des juments Anglos se trouvant trop souvent sous la selle de cavaliers situés en dehors du Sud Ouest, au moment de leur mise à la reproduction elle sont allés aux étalons locaux qui n’étaient pas Anglo-Arabes (Stella, Manuela, Oceane II, Ifrane, CameliaIV, UrielE, Khadidja…). En outre de nombreux étalons exceptionnels ont peu ou pas produit d’Anglo-Arabe (Laurier, Garitchou, Barigoule, Henaud, Turbulent, Inschallah, Mokkaido, Hadj A, Seducteur, Ryon d’Anzex, Phosph’Or, Emir IV, Brick…).
Ainsi dans la même période les souches du berceau de race se sont dégradées et l’élite du stud-book n’a pas servi dans la race. Or c’est  à partir de cette élite que naissent les étalons et performers nécessaires à un stud-book pour exister sur le plan sportif et génétique.
En outre les meilleures juments partant au croisement en dehors du berceau de race, la perception de l’efficacité du croisement par rapport à la race pure s’en est trouvée altérée. La réussite des premiers produits hors race  issus de l’élite des juments Anglo-Arabes a donné une image anormalement bénéfique au croisement. On a tendance à oublier le fait que, bien qu’ayant été majoritairement croisées avec des SF, les meilleurs produits d’Ifrane (Morgat), Manuela (Grand Cœur)… étaient des Anglo-Arabes ! En outre on remarquera que depuis de nombreuses années les naissances de SF sont largement plus importantes que celles d’AA dans le berceau de race… le Sud Ouest ne s’est pas pour autant transformé en Normandie ! Le croisement ne serait donc pas la recette miracle soutenue par les vendeurs de semence ? En tout cas la conversion en SF ou croisement des élevages du Sud Ouest n’a pas augmenté la quantité de gagnants produits par ce terroir. Quelque soit l’avis du lecteur sur le croisement on conviendra qu’il faut toujours replacer l’Anglo-Arabe dans le contexte équestre du Sud Ouest.
Ainsi l’Anglo-Arabe de sport n’a existé que grâce à la passion d’une poignée de connaisseurs qui ont fait de la sélection à leur échelle sans aucune aide ou soutien de l’ANAA sur le long terme. L’action de ces passionnés a permis de maintenir certaines bonnes souches qui ont permis au stud-book de continuer à exister. Mais les naissances issues d’une véritable sélection étant peu nombreuses leur action n’a pu être que limitée.
Dans l’ensemble la sélection de l’Anglo-Arabe de sport n’a pas eu lieu. La sélection consiste à repartir à chaque génération avec les 10% meilleurs et leurs apparentés. Comme nous venons de l’expliquer précédemment l’Anglo-Arabe a été en grande partie dépecé de son élite au profit du stud-book SF et des autres stud-books Européens (sauf chez quelques passionnés qui se sont employés à faire de la sélection de leur propre initiative).
 Ainsi à chaque génération l’Anglo-Arabe n’est pas reparti sur les 10% meilleurs et leurs apparentés mais avec des reproducteurs de second ou troisième choix. La baisse de la qualité du stud-book Anglo-Arabe y trouve son origine.
Les années 80 représentent un tournant pour l’Anglo-Arabe de sport. Les achats d’étalons par les HN diminuant le marché s’effondre rapidement. Habitués à vendre leur production à des préparateurs d’étalons les éleveurs n’ont jamais appris à valoriser leur production ou à monter à cheval. Ne sachant pas vendre et valoriser directement leur production pour le sport,  ils arrêtent de produire.
En parallèle l’administration achète de plus en plus de chevaux médiocres : on confond taille et force, les mauvaises origines sont conservées, on ne s’attache pas à préserver les qualités intrinsèques de la race (sang, courage, souplesse, tissus…)… si bien que ce que la race a gagné d’un coté (taille, facilité de caractère…) elle l’a perdu de l’autre (sang, courage, souplesse, tissus…). On se retrouve avec des chevaux plus grands, mais n’ayant pas plus de force, qui ont perdu les qualités de l’AA et ne sont donc pas performants.
Le harem des étalons Anglo-Arabe se dégrade vite : baisse de la qualité et de la quantité de juments. Les HN, principaux propriétaires d’étalons, ne généralisant pas la pratique des étalons performers les éleveurs d’AA se retrouvent avec de nombreux étalons qui ne sont testés  ni sur performances ni sur descendance au moment même où les étalons SF performers deviennent la norme.
En conséquence, la chute des naissances devient chronique, en proportion la fuite des très bonnes juments est encore plus importante d’où la situation actuelle.
Nous sommes donc face à une population peu importante où les individus de qualités ne sont pas utilisés (50% des juments AA produisent dans d’autres stud-books, les bons étalons AA ne sont pas connus du public et ne saillissent pas). Le déficit en information et communication est énorme. La race ne tient que par la passion d’une poignée d’éleveurs dont les résultats individuels sont encourageants, mais qui ne sont pas assez nombreux à s’être engagés dans la voie de l’exigence pour inverser la tendance.
 
Retenir les leçons du passé :
Pour augmenter le nombre d’éleveurs engagés dans la voie de la sélection et soutenir ceux qui y sont déjà il faudrait que l’ANAA remplisse ses fonctions : à savoir aider financièrement les éleveurs, améliorer la connaissance de l’AA par le grand public et par ses éleveurs, structurer les débouchés.
Or l’ANAA de Jean Marie BERNACHOT, en place depuis 25 ans, a largement démontré son incapacité à inverser la tendance. Pire, les sommes colossales qui devraient aider  à remplir les fonctions de l’association sont dépensées d'une manière opaque, les actions entreprises sont mal adaptées, non pérennes et peu nombreuses.
On loue souvent la capacité du président à ramener des fonds, chose à laquelle on a envie de répondre « Oui, mais pourquoi faire ? » car malgré les centaines de milliers d’euros engloutis chaque année, les éleveurs n’ont pas grand chose, et voient les effectifs de la race fondre.
Comment un homme dont le seul nom fait fuir et qui a toujours mené la même absence de politique pourrait-il  subitement changer de cap ?